Présentation
de l'Eglise : « L'antique tradition
ecclésiastique affirme que le IV° évangile fut écrit
par l'apôtre Jean, le choyé du Christ, alors qu'il était
très âgé dans la communauté chrétienne d'Ephèse, métropole
de l'Asie Mineure. L'évangile fût écrit vers 100 et
le plus antique manuscrit qui le transmet est de 150,
au maximum de 200. » . (de la Bible Sacrée-
Ed. C.E.I.)
Même
s'il suffirait de considérer que cet évangile est sorti
après les trois autres, tous postérieurs à 150, pour
démontrer que l'évangile de Jean n'est pas daté de 100
mais bien de l'an 200 que l'Eglise lui donne comme un
manuscrit reproduisant la version originale.
«
La date attribuée à l'an 100 au quatrième évangile
est en réalité beaucoup plus tardive si nous considérons
que personne avant Irénée ne parlait de lui vers 190.
L'ignoraient Marcion, Justinien (auteur de deux apologies
sur le christianisme, mort en 165), Papia qui venait
d'Ephèse à la même période que Jean aurait écrit l'évangile
il n'en fait pas mention et l'ignore jusqu'à Polycarpe
qui, selon l'Eglise, était un disciple du même Jean. »
( Las Vergnas op. cit. p. 37).
Et
encore : « L'attribution de cet évangile
à un disciple de Jésus est déjà en soi suffisante pour
rendre inacceptable l'authenticité de l'auteur pour
ses contenus philosophiques et théologiques : que
pouvait savoir un ignorant pêcheur de Galilée des doctrines
néo-platoniciennes du Logos ?
L'évangile
est cité pour la première fois par Irénée en 190. Il
doit être antérieur de peu à cette date puisque, en
plus de considérer déjà accomplie la séparation entre
les chrétiens et les juifs, il exprime la fusion du
Christ incarné avec le Logos de Filon et des gnostiques
qui se réalisa seulement dans la seconde moitié du II°
siècle.
La
valeur historique de l'œuvre est donc nulle. Mais elle
l'est encore plus pour la discordance sur de nombreux
faits rapportés dans les trois autres évangiles. Enfin,
une autre preuve déterminante pour établir sa date tardive
est son anachronisme déterminé par de nombreux hymnes
liturgiques qu'il rapporte lesquels démontrent l'existence
d'une organisation du culte déjà en acte. (Guy
Fau. Op. cit. p. 94).
Et
ce qui est encore plus intéressant, si on peut dire
cela, ce sont les observations de Turmel parmi lesquelles
est réfuté le document de « Reyland » datable
de 130 qui, rapportant le nom de Jean, l'Eglise l'apporte
comme une preuve pour démontrer que le IV° évangile
existait déjà à cette date.
«
Une analyse approfondie sur l'évangile de Jean nous
permet de distinguer dans celui ci trois stratifications
complémentaires successives.
a)
Un récit anecdotique de la vie de Jésus, qui serait
plus ancien que tout le reste, nous pouvons le trouver
dans le pseudo-Jean duquel est extrait l'évangile canonique
de Jean. Dans le pseudo-Jean sont rapportées en fait
des anecdotes sur la vie du Christ écrites par un certain
Jean dit le Presbytère mort à Ephèse ,
en 135, lequel pourtant n'a rien à voir avec Jean le
disciple de Jésus. Tout nous amène à penser que l'Eglise
s'est servi de ce Jean dit le Presbytère pour construire
la figure de Jean l'Evangéliste » (Turmel.
Il Vangelo di Giovanni (l'Evangile de Jean) Bolletino
del Circolo Rnan, Janvier 1962).
b)
Le prologue comportant l'identification du Christ
avec le Logos de Filon qui n'avait pas encore été réalisé
par le nouveau christianisme avant 165 comme le démontre
Justinien qui ne le connaît pas dans ses deux « Apologie
sur le Christianisme écrit précisément à cette date.
c)
de nombreuses extrapolations romaines qui falsifient
le sens de quelques passages.
On
doit noter enfin que selon le « Canon des Maçons»
(daté de 200), il en résulte que le IV° évangile
est une œuvre collective rédigée par une équipe de disciples
inspirés qui se sont mis d'accord pour tout mettre sous
le nom de Jean.
L'évangile
de Jean est ensuite tellement chargé de concepts tirés
de la gnose que tout prétexte qui le pause avant
les années 150 - 160 paraît absurde. |